Le bois parmi les leviers pour concevoir ou adapter les bâtiments face au réchauffement climatique

L’intensification des épisodes caniculaires et la diminution de la ressource fourragère contraignent de plus en plus d’éleveurs de petits ruminants à rentrer leur troupeau l’été, en particulier dans la moitié Sud de la France. Logés en bâtiment pendant des périodes de forte chaleur, les animaux peuvent alors être exposés à un stress thermique altérant leur bien-être et leur productivité. Pour accompagner les éleveurs face à cette problématique, l’Institut de l’Élevage et les chambres d’agriculture d’Occitanie et de l’Aveyron ont mené, en partenariat avec un ensemble de partenaires dont l’UICB (Union des Industriels et Constructeurs Bois, liste complète des partenaires en bas d’article), une étude destinée à établir des références spécifiques aux bâtiments abritant des petits ruminants afin de leur permettre de mieux lutter contre le stress thermique : l’étude BATCOOL (Bâtiments Adaptés aux Températures élevées pour les Caprins, Ovins viande et Ovins Lait).

 

Menée depuis deux ans en collaboration avec un panel d’éleveurs, l’étude BATCOOL vient de livrer ses enseignements. S’appuyant sur l’étude des 4 paramètres influant sur le confort thermique des animaux (la température, l’humidité, la vitesse de l’air et les rayonnements), elle définit les moyens d’action sur les 3 leviers les plus efficaces pour concevoir ou adapter les bâtiments : les caractéristiques d’implantation, la protection contre les rayonnements solaires et la mise en œuvre d’une ventilation estivale optimale. Des leviers au sein desquels le bois, notamment par sa faible émission de chaleur, a pleinement son rôle à jouer.

1. Mieux implanter pour mieux ventiler

Premier levier conditionnant en grande partie la capacité d’un bâtiment à rester sain et ventilé naturellement, l’implantation d’une nouvelle construction ou d’une extension permet, en agissant sur certains paramètres, d’améliorer naturellement le confort d’été. Parmi ceux-ci on peut citer :

• La topographie : éviter les fonds de vallée accumulant l’humidité et privilégier les localisations sur les sites dégagés, sans obstacles naturels ou constructions annexes afin d’exposer les façades principales du bâtiment aux vents fréquents pour optimiser le renouvellement de l’air.

• Le climat du site d’implantation, qui impacte la façon de concevoir le bâtiment, ses ouvertures, ses dimensions, ses bardages et ses matériaux. Les petits ruminants étant sensibles aux variations thermiques, l’isolation de la toiture, l’exposition des ouvertures face aux vents fréquents figurent parmi les solutions qui permettent de maintenir des amplitudes thermiques plus confortables,

• L’orientation du bâtiment, en évitant les longs pans en expositions Sud et Ouest. La réalisation de débords de toiture sur les façades exposées est une solution efficace pour limiter les rayonnements directs en été. Et pour favoriser la ventilation naturelle, la création de larges ouvertures sur les façades face aux vents estivaux, couplée à une largeur de construction inférieure à 20 mètres, permet de maximiser l’effet du vent sur le balayage transversal du bâtiment.

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2. Réduire l’impact des rayonnements solaires en été

Deuxième pilier pour un meilleur confort d’été : la protection solaire. Les rayonnements solaires directs et indirects ont un fort impact sur le confort thermique des animaux. Ceux-ci vont en effet avoir tendance à fuir les zones de rayonnements pour éviter les puits de chaleur et les contrastes lumineux, ce qui va entrainer leur rassemblement dans les zones les plus confortables et dégrader leurs conditions de logement. L’étude établit une série de recommandations permettant de s’en protéger efficacement, parmi lesquelles :

• En conception neuve : éviter les bandeaux translucides sur les façades Sud et Ouest sauf en présence de débords de toiture, limiter les hauteurs de maçonnerie et privilégier les matériaux peu émissifs de chaleur comme le bois, isoler la toiture et prévoir des protections solaires verticales comme les rideaux mobiles, etc.

• En adaptation de bâtiments existants : peindre ou couvrir de panneaux isolants les éventuelles plaques éclairantes en toiture, ajouter des débords de toiture par extension de couverture ou voile d’ombrage, remplacer les bardages ou portails en métal par du bois, moins conducteur de chaleur, installer des solutions ouvrables et amovibles (rideaux enroulables, rideaux ascenseurs) à la place de translucides en façades Sud et Ouest, etc.

• Dans tous les cas, l’ajout de débords de toiture sur les façades exposées et la végétalisation des abords s’avèrent deux solutions particulièrement efficaces.

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3. Favoriser une ventilation estivale optimale

Troisième pilier exploré par l’étude BATCOOL : les moyens de favoriser une bonne ventilation, qui permet de renouveler l’air du bâtiment en évacuant l’humidité et les divers gaz liés à la vie des animaux. Lorsque la ventilation est insuffisante, l’humidité combinée à l’ambiance chaude estivale favorise le développement de micro-organismes indésirables tout en aggravant le stress thermique des animaux. L’étude balaye les 3 grands types de moyens pour assurer une ventilation efficace :

• Les points de conception qui favorisent la ventilation naturelle transversale, tels que la réalisation de larges ouvertures basses pour balayer au plus près des animaux, la prise en compte de la course du soleil et des vents fréquents dans le choix des ouvertures et de l’orientation, le fait de privilégier des bâtiments de faible largeur et avec une porosité sur les 4 faces, etc.

• La gestion des ouvertures favorisant la ventilation naturelle, avec les diverses installations pouvant être mises en place pour éviter les rayonnements solaires en été et protéger contre les intempéries en hiver : rideaux, fenêtres à soufflets et claires-voies coulissantes, filets, trappes à volets, persiennes réglables, etc.

• Enfin les solutions de ventilation mécanique, utiles lorsque la ventilation naturelle n’est pas assez efficace pour gérer les périodes de canicule sans vent ou dans les cas d’environnement défavorable (topographie, bâtiments proches, grandes largeurs de bâtiment, etc).

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Les partenaires de l’étude BATCOOL

Financé par le programme CASDAR et piloté par l’Institut de l’Élevage et les chambres d’agriculture d’Occitanie et de l’Aveyron, le projet BATCOOL a été mené en partenariat avec les chambres d’agriculture de la Lozère, du Tarn-et-Garonne, du Lot, du Tarn, de l’Aude, des Deux-Sèvres, des Hautes-Pyrénées et du Gers, la Maison Régionale de l’Élevage PACA, UNOTEC, l’UICB (Union des Industriels et Constructeurs Bois), UNICOR, l’INRAe de La Fage, l’INRAe de Lusignan, la ferme expérimentale du Pradel et le lycée agricole de Carmejane.